L'auteur et voyageur

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Récits de mon voyage en solitaire à vélo au pays du sourire. Mes rencontres artistiques et les contes récoltés durant ce premier séjour d'un mois. Découverte à grands coups de jambes et de dents pour croquer la vie culturelle cambodgienne.


dimanche 21 mars 2010

Courriels d'Asie - Cambodia solo 2

Les courriels d'Asie - Cambodia solo
Le tout n’est pas qu’une affaire de "chœur".

Bonjour à vous tous et toutes,

Vous qui loin de mes yeux, n’en restez pas moins proche du… reste.

Et le reste me paraît plus important que ce petit organe qui bat la mesure, joue au chef des sentiments et se charge des coups de foudre, qui s’octroie le rôle de régisseur du souffle, s’improvise maître des situations et, additionné d’un « H », patronne les cathédrales et fait agenouiller les bigots. Le tout n'est pas qu'une affaire de cHoeur. Et le reste?
Le reste, c’est tout sauf ce petit muscle cardiaque à ventricules prétentieux. Quel est-il, alors, ce reste ?... les mollets. Ils répondent présents à 100 %. Ce duo musculaire devrait doubler de volume. Voilà la partie corporelle essentielle en ce moment. Je n’imagine pas un seul instant pouvoir pédaler sans mes mollets. Sans eux… D’abord, j’aurais l’air d’un nain sur pédales. Ensuite, je ne pourrais pas me tenir debout pour soulager mon postérieur. Enfin, entre les genoux et les pieds je ne vois rien d’autres à mettre à leur place… Et comme le dit un dicton franco-cambodgien : « Sans eux, mollets, on fait des vélomelettes ».

Vue du promontoire qui domine KEP (Sud)


Nationale 3, the road to Hell

N3. Vaste programme que cette nationale. Chris Réa (chanteur à la voix chaude et grave pour grands espaces américains) l’a chantée sans la connaître ; vu les rougeurs entre les cuisses, je pourrais m’atteler à une chanson sur ce tronçon de route. A raison de 110 km en moyenne par jour sur route comme sur piste avec trous, pots d’échappement encrassés et poussières rouges qui vous picotent les yeux et vous assèchent la gorge, j’approche de Krong Kep dans le sud, près de Kampot. Ici, il n’y a qu’une seule route ; pour les principaux axes bitumés, pour les moins principaux : c’est l’enfer fessier !
Combien de fois je me suis surpris à chantonner cet air enfantin sympathique :

« Un kilomètre à vélo, ça use,
ça use ; un kilomètre un pied,
ça use-eeeee le c... ! »

Une seule route ? Ce qui signifie que Tout le monde prend la même : entre les bus, les camions, les tuk tuk (sorte de mobylette tirant une chariote aménagée pour les passagers), les motos, les vélos et les troupeaux de zébus, la place est à celui qui parvient à se glisser entre deux coups de klaxon. Entre Champong Thum et Phnom Penh, ce fut une horreur.

Franklin

Sinon, tout roule. J’ai pris le rythme durant ces quatre jours du vélo. Je bois environ 10 litres par étape. Je me nourris à la cambodgienne sans aucun problème. Du moment que l’eau a été bouillie…

Voici juste au-dessus pour les amateurs de particularité culinaire la photo de Franklin, héros de BD et de série TV chez nous, qui a fini ses jours au pays du sourire.

Et il y a un produit qu’on ne trouve pas en France sauf dans les magasins chinois, en cannette métallique,:c’est le jus de soja. Frais, légèrement sucré, sous 45 °, ça requinque.

The road to meet

L’avantage de se déplacer à la sueur de son… front me permet de m’arrêter comme je l’entends. Et les Cambodgiens sont accueillants. Un jour de rando dans les temples, une maman et toutes ses grandes filles (des ado avec des idées d’ado mais avec la connaissance du boulot et de la difficulté de la vie) m’ont invité à goûter à une sorte de petits bulots pêchés dans les rivières. C’était excellent, salé. Il fallait la technique pour les ouvrir. D’ailleurs, au bout de deux essais ratés, on me les présenta systématiquement ouverts, le sourire en plus. Un moment de détente, à converser durant une heure, tout en sirotant le jus d’une noix de coco fraîche.

Ce n’est pas que je veuille vous épater en étalant les expériences, l’une à la suite de l’autre. Mais depuis mon arrivée, ces rencontres parsèment mon avancée dans le Cambodge. En toute simplicité. Elles me font réfléchir… Le temps semble arrêté. Je suis comme en apesanteur. Si je voyage pour me ressourcer et me retrouver, il est évident que je règle certains « démons » ou doutes quant à ce que j’entreprends personnellement ou en équipe. Si les rêves de châteaux d’Espagne perdurent, d’autres en Lorraine s’effacent.

« Baroude » et société
Jusqu'à présent, la baroude (comprenez le voyage façon baroudeur) m’a été bénéfique, quelque soit l’heure à laquelle j’arrivais dans une ville ou village étape. Entre la jolie Srev-Hom (prononcer Sré- Hôm avec un H à l’allemande) qui m’a extirpé de la route en pleine nuit, m’a remorqué avec son scooter et fait découvrir la ville de Siem Rap… (Bon, un petit restau de courtoisie s’est imposé), la jolie Tia Pier (en photo ci-dessous dans son modeste salon) qui m’a remis le dos en place; la jolie… je les trouve toutes jolies, en fait !
La politesse et l'hospitalité restent de mise.
Photo à droite: Mister Heng, restaurateur, s'est accordé quinze minutes entre deux commandes pour me parler de l’histoire du Cambodge au cours d’un rapide « lunch », juste avant que je ne reprenne mes 10 heures de vélo quotidiennes.

Il faut comprendre que les cambodgiens sont curieux de votre venue et gardent le sourire. Cambodia, ce n’est pas très grand. Mon périple à travers la moitié du pays me permet d’assister aux prémices d’une société encore appauvrie par « Celui-dont-on-ne-sait-s-il-faut-prononcer le nom-trente ans après », c’est l’effervescence de la jeunesse en général. Un pays qui renaît de ses os et de ses cendres : constructions massives de quartiers résidentiels, restauration des ponts, voies routières élargies, présence de capitaux chinois, japonais, américains et français. Des bâtiment scolaires (école obligatoire) avec élèves en tenue réglementaire,… S’ils poursuivent dans le même sens le Cambodge ressemblera à la Thaïlande. Avec tous les changements que cela engendrera.

Puisque les mariages sont convenus, souvent les filles qui ont enfanté de 1 à 4 bambins rejettent un peu plus tard la connerie de leur mari. Si elles reprennent leur liberté, malheureusement ne sont-elles plus « vierges » pour autant. Alors ? Ben, à votre avis ! Elles sont refoulées par les Cambodgiens. Ce sont des situations familiales classiques ici. Bien souvent les cambodgiennes ne parlent jamais aux « Barang » (étrangers) de leurs enfants et insistent pour se faire appeler « Mademoiselle »… dans l’espoir de trouver un moins con ! Un constat : pas mal de mari travaille plus à la force du hamac que de la bêche.

Mahité l’or is ritche/ Maille thé l’or is ritch/M’aïe! Tayloriz ri techeu… (je vous laisse le soin de vous exercer à ce petit jeu, nul mais qui occupe)

Pour le langage, c’est l’anglais que j’utilise. Merci Roahl Dahl (pour ses livres que je continuerai à lire dans la langue d’origine), merci aussi à Dublin, au dieu Guiness et à Edimbourg pour l’initiation, même avec le french accent, ça passe.

Guesthouse
Pour terminer ce court récit, les Guesthouses (Petits Hôtels) dans les grosses villes sont en général correctes. En revanche, dès que j’en cherche une dans un coin paumé et à une heure tardive : c’est le boui boui. (Photo: Salle de bain+Commodités, on se croirait à Paris!) Propre à peu près, pas de cafards.
Juste pour une nuit, ça passe. Je ne vais pas jouer au Touriste exigeant, surtout à la tombée de la nuit… Mais quand le chiotte se situe près de la bassine pour se doucher à l’aide d’une casserole plastique, je négocie le prix. Surtout quand il n’y a pas d’eau qui sort des tuyaux et que les néons blafards vous donnent envie de les éteindre pour dormir. Comme quoi, l’hôtellerie a des beaux jours devant elle.

KEP - Sud, face à la mer
Etant arrivé en avance pour mes interventions à l’école, j’ai pris une barque pour the Rabbit Island, traduire par « L’Île du lapin »… Le nom promet, tout un programme. Serait-ce l’endroit pour le repos du guerrier après 450 km en 4 jours? Ah, c’est dur ce sable chaud et cette vision sur la mer entre deux cocotiers… Vous ne trouvez pas ? (On dirait l’Antoine qui fait son émission publicitaire !) Allons-y: c'est Kaamelot!... (Je pense à cette scène de Sacré Graal lorsque nos chevaliers croient enfin avoir atteint leur but)
Mais trop de confort d’un coup ne me convient pas forcément, l’ambiance "Plomplomb sur la plage à faire la crêpe" ne m’intéresse pas, non. Pas plus qu’une soirée.
J’ai filé donc le lendemain matin au premier départ pour atterrir dans le foyer de l’école française.

L'école française de Kep
Ici, les profs et les étudiants en fin de cursus (master en poche, prêts à enseigner le B A BA de la langue française) travaillent bénévolement sur le terrain et proposent des cours accessibles financièrement aux cambodgiens. Leur principale difficulté: concurrencer avec les écoles enseignant la langue de Shakespeare.

Je viens de poser mon sac pour quelques jours. Le responsable, Sok, prof en France d’EPS, a monté cette école par ses propres moyens et créé ainsi l'unique établissement dans le Sud qui enseigne la langue de Molière. Si vous souhaitez vous investir intelligemment durant votre séjour dans ce joli coin balnéaire, vous serez accueillis par l'équipe et sa cuisinière.

Contact/Directeur et professeur de français: NGO-SISOWATH Sokphal - Association khmère: Chaul Rean Taing Os Khnea - Association française: EPT (Ecole Pour Tous)
site: http://www.ecolepourtousaucambodge.org/
tél: (00855) 99 51 60 14 ngo-sisowath-sokphal@hotmail.fr


Mon séjour sera donc bref et je ne dispenserai que quelques rudiments du spectacle : Nouvel An Chinois oblige.



Plage de Kep, jour du Nouvel An Chinois


A bientôt pour un courriel d'Asie

Pyerrot

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